(m/libre) Au choix

« Tu sais ta tête elle me fait du bien, ça n'a rien à voir avec le fait d'être beau ou laid, d'avoir des dents blanches ou des fossettes. Non, c'est juste que quand je vois ta tête, bah.. Je me sens bien. J'ai l'impression d'être en sécurité, d'être chez moi. Ta tête, elle me donne envie de sourire, de rire, de danser, de crier. Quand je te vois sourire, c'est comme si j'avais les pieds dans les nuages et la tête dans les étoiles, quand tu souris.. J'suis ailleurs. »

1 juillet 2006, maison familiale hopkins,

Et puis, l'adolescence est arrivée, les boutons et la puberté la suivant de près. Paige et moi sommes toujours restées aussi proches et ce même si un jeune homme s'était installé dans sa vie. Wes.. C'est rapidement devenu son meilleur ami, ils se suivaient comme leurs ombres. De mon côté, j'ai tout doucement appris à connaître le jeune homme et, sans même m'en rendre compte, je suis tombée éperdument amoureuse de lui. C'était la première fois, je ne savais pas ce que ça voulait dire, ce que cela signifiait. Je sentais uniquement des papillons dans mon ventre à chaque fois que je le voyais, mon cœur s'emballait à chaque fois qu'il m'effleurait. Bref, j'étais folle de lui et je ne savais pas comment gérer cela. Du coup, j'ai fait les choses à ma manière : je les suivais discrètement, je les scrutais. Et puis j'ai commencé à grandir et j'ai rapidement compris que c'était peine perdue d'être amoureuse de lui, il était tout simplement inaccessible et surtout, pour lui, j'ai toujours été la petite sœur de sa meilleure amie, j'ai donc préféré laisser de côté l'amour et ses tourments.

Mais ça, c'était sans compter sur le lycée et la pression que l'on peut mettre sur l'ensemble des jeunes. En effet, mes copines étaient toutes en couple et n'arrêtaient pas de me demander quand j'allais passer le cap. C'est là que Jude est arrivée. Jude était un étudiant venant de France et qui venait s'installer dans le pays. La direction du lycée m'a demandé de le prendre sous mes ailes, en vertu de mes connaissances en langue française. Très rapidement, on s'est rapproché, devenant amis, passant beaucoup de temps ensemble. Il était mon Wes et j'étais sa Paige, c'était l'impression que notre relation me donnait. Et puis, on a commencé à sortir ensemble. Il a été mon premier baiser, ma première fois. Mais inconsciemment, je ne pouvais m'empêcher de penser à Wes dès que je passais des moments intimes avec mon petit ami. Lors de mes seize ans, mes parents avaient organisé une grande fête, c'est la première fois que je me retrouvais à la fois dans la même pièce de Wes et de Jude.

« Je t'aime, Ana..» Avalant ma salive, la seule chose que je parvins à faire, c'est partir. C'était idiot, c'était stupide. N'importe quelle fille à qui on aurait dit ces quelques mots aurait eu envie de sauter au cou de son prétendant. Mais.. Notre relation à Judicaël et moi était bien trop compliquée pour qu'on ne la complique encore plus avec ce genre de paroles. Au fond, je sais que je ne l'aimerais jamais comme j'ai aimé Wes. Comme j’aime Wes. Après tout, si je suis sortie avec Jude, c'est surtout parce qu’on me mettait un peu la pression au lycée. Pourtant, j'avais une réelle affection pour lui, d'autres auraient certainement appelé ça de l'amour mais moi, je voyais les choses autrement. Je savais que ce n’était que mon lot de consolation, je préférais donc le voir comme un ami. « T'es vraiment pas normal comme fille, toi. » Il sourit, amusé. « Je te l'ai déjà dit.. Je ne veux pas entendre cette phrase, pas de ta bouche, pas envers moi. Tu me l'avais promis, Jude..» « Ana, t'es ma copine. Si je n'ai même pas le droit de te dire que je t'aime, ça représente quoi, toi et moi ? » Je ne répondis pas, me contentant de le regarder avec cette petite moue qu'il connaissait tant. « Ne me fais pas ton regard irrésistible, là ! J'suis immunisé, depuis le temps. Et je vais te le répéter, jusqu'à ce que tu me dises que c'est réciproque. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'ai.. » Je ne lui avais pas laissé le temps de continuer et avais plaqué violemment mes lèvres contre les siennes. Pour le faire taire ? Parce que j'en avais envie ? Certainement un peu des deux. Il finit par se détacher doucement de moi et me caressa tendrement la joue avant de prendre ma main et de m'entraîner vers les escaliers « Allez viens, on retourne à ta fête. » À peine retournée au salon, j'aperçus Wes et une jeune fille qui étaient occupés à se bécoter, je sentis alors les larmes me monter aux yeux et sans même y réfléchir, je resserrai un peu plus la main de mon petit ami avant de me tourner vers lui, le regard vide. « Je t'aime. » Un sourire se dessina sur ses lèvres, il me souleva de terre et me ramena à la chambre comme si j'étais une princesse. On passa une de nos plus belles nuits, une de nos plus destructrices aussi. On s'aimait, réellement. Et j’espérais qu’un jour, je parviendrais à laisser de la place dans mon cœur pour lui.

Malheureusement, je n'ai jamais pu me sortir Wes de la tête. Jude le vivait particulièrement mal et a fini par me tromper. Notre relation s'est terminée de façon naturelle, sans qu'on en parle, sans qu'on cherche des explications.

« L'amour c'est comme une flaque d'eau. Les gens sautent dedans à pieds joint. En sachant que leurs chaussures seront mouillées et qu'il faudra les garder le reste de la journée. Mais les gens sont tous pareils. On est tous pareil. On le sait très bien que ce n'est pas agréable, mais on saute quand même. »

10 août 2015, appartement de wes et anaelie,

A dix-sept ans, je suis partie à l’université. Cette période n’a pas été facile à vivre car je me retrouvais loin de ma famille pour la première fois. Dans les premiers mois, je me sentais vraiment très seule mais rapidement les travaux ont commencé à s’accumuler et j’ai pu me concentrer sur mes études, n’ayant presque plus le temps de penser au reste. Cette période m’a également permis d’oublier Wes. En effet, je ne le voyais plus et ça me faisait du bien, je me sentais libérée de l’emprise qu’il avait sur moi. J’ai brillamment réussi à l’université si bien que j’ai eu du mal à ne pas faire une troisième spécialisation. Néanmoins, à vingt-cinq ans, j’avais envie de prendre ma vie en main. J’ai rapidement trouvé une place dans un journal national dont le siège social se situait justement à Miami. C’est ainsi que j’ai donc pu retrouver ma famille. Et Wes..

Alors que j’étais en train de chercher; en vain; un appartement proche de mon lieu de travail, Paige me proposa d’emménager avec Wes. Je me montrais un peu sceptique au début mais je finis par accepter. Après tout, cette histoire était derrière moi et je ne devais plus me sentir sous l’emprise de cet Apollon. Malheureusement, la réalité se révéla bien pire. En effet, je m’aperçus rapidement que mes sentiments étaient toujours bien présents. Enfouis mais présents. Il faut dire qu’il ne m’aide pas. Il s’amuse avec moi, joue le chaud et le froid, jouissant de voir la réaction que je peux avoir lorsqu’il me frôle. Il m’obsède encore plus qu’à l’époque et, encore une fois, je ne sais comment réagir.

Un soir, alors que je sortais de la douche, j’entendis la porte claquée : signal que monsieur était rentré. Une serviette autour de la poitrine, je démêlais mes cheveux lorsqu’il fit irruption dans la salle de bain. Il posa son regard sur moi avant de hausser les épaules. « Ah, t’es là, toi. » Et un sourire ravageur, un ! « J’ai terminé dans cinq minutes » « Oh, ne t’inquiètes pas, prends ton temps. » J’haussai un sourcil avant de relever ma chevelure en un chignon. Ni vu, ni connu, le bellâtre ôta son t-shirt et, alors que je me retournai, je me retrouvai nez à nez à lui. J’avais une belle vue sur son torse et ce dernier effleurait ma poitrine. « Je.. Euh, je vais y aller. » Sans même lui laisser le temps de répondre, j’avais disparu de sa vue avant de courir jusque dans ma chambre et de m’allonger sur mon lit. Je soupirai avant de prendre ma tête entre mes mains. Il me rends dingue.. Comment vais-je pouvoir continuer comme ça ?