(f/libre) Emilia Clarke

« J'serais encore tout au fond du trou, au fond quand on voit plus le bout, s'il y avait pas ma frangine. Elle me ramasse si je flanche. Elle me redresse quand ça penche, elle est comme ça ma frangine. On parle pas bien comme il faut, paraît même qu'on crie trop, on est comme des gamines. Quand la vie nous tourne le dos, quand je respire à demi-mot, je m'fous dans les bras de ma frangine. »

4 avril 1997, école primaire de Miami,

J’ai eu une enfance quasiment parfaite, je suis née au bon endroit, au bon moment et dans la bonne famille. Mes parents ont toujours tout fait pour subvenir aux besoins de ma sœur et moi-même, on n’a jamais manqué de rien et surtout par d’amour. En effet, Paige et moi étions les petites princesses de nos parents, on avait de l’affection à revendre sans pour autant que notre éducation soit négligée. Je respecte énormément mes parents pour cela : être parvenu à faire de notre enfance la plus belle période de notre vie, avoir réussi à nous donner les outils pour réussir dans la vie et surtout nous avoir donné l’occasion de nous épanouir pleinement. En plus d’avoir des parents exemplaires, j’avais Paige : ma grande-sœur, mon rayon de soleil, ma protectrice, mon ange gardien. C’est elle qui m’a appris à ne pas me laisser faire, à me défendre. C’est elle qui m’a protégé de la maternelle au lycée, sans flancher. Lorsque je suis née, elle s’est découvert une vocation. J’étais son bébé, son bijou et elle ne supportait pas qu’on s’en prenne à moi. Je me souviens d’une fois où elle s’est bagarrée avec un garçon de sa classe qui se moquait de moi.

J’ai toujours été une petite fille à part. En effet, enfant déjà, j’étais passionnée de lecture et les mathématiques faisaient partie de mes hobbys. A l’école, je me suis rapidement montrée en avance sur les autres élèves de mon âge, je n’avais pas les mêmes centres d’intérêt que les autres enfants et cela attisait beaucoup la curiosité. Alors que j’étais dans la cour de récréation, installée sur un banc à lire Matilda de Roald Dahl, un garçon d’une dizaine d’années vint s’asseoir à côté de moi avant de me prendre le livre des mains. Je tournais le regard vers lui en fronçant les sourcils : « Rends-moi mon livre ». Sans prêter attention à mes mots, le garnement courra vers ses amis jetant le bouquin dans une flaque d’eau au passage. Mes lèvres tremblant, je sentis une larme couler le long de ma joue. Je n’avais jamais compris la méchanceté gratuite. Après tout, je ne lui avais rien fait à ce garçon. Quelques minutes plus tard, Paige vint s’asseoir à côté de moi. Voyant ma mine déconfite, elle entoura mes épaules de son bras droit : « Qu’est-ce qui t’arrive, Ana Banana ? » Je levai mes yeux vers elle avant de lui montrer mon livre trempée du doigt. Un peu plus loin, le petit vandale et sa petite bande nous observait en rigolant. Sans même que je n’eus le temps de réagir, ma sœur courait vers les jeunes garçons. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le garçon qui m’avait fait pleurer se trouvait à terre, ma sœur lui donnant des coups de pieds.

Rapidement, les éducatrices sont intervenues et ma sœur se retrouvait dans le bureau du directeur. Elle a été obligée de ramasser les déchets dans la cour de récréation et mes parents l’ont engeulé lorsqu’elle est rentrée. Elle n’a rien dit sur les raisons qui l’avaient poussées à attaquer son camarade de classe, elle a subit les punitions sans se plaindre. Après cela, plus personne n’a osé venir s’en prendre à moi et je me suis toujours sentie en sécurité lorsque ma sœur était là.