(priam) stay gold

- Quels sont les souvenirs marquants de ton enfance ? On ne peut pas dire que j’eus une enfance particulièrement heureuse remplie de souvenirs qui me marqueront à jamais. Je peux d’ailleurs les compter sur les doigts d’une main. Par exemple la fierté d’avoir terminé mon premier vrai livre, un classique offert par ma gouvernante : Le petit prince. Bon, ce n’est certes pas un livre digne de la taille d’une encyclopédie et pourtant cette histoire fut celle que j’ai toujours préférée, aujourd’hui encore. Il y eut également ce jour-ci ou, en cadeau de fin d’année et pour me féliciter de mes résultats, mon professeur de littérature m’offrit son ancienne machine à écrire. Je me revois encore rentrer chez moi dans la plus grande des discrétions pour pouvoir cacher la machine dans le placard de ma chambre sans que mon père ne tombe dessus. Et puis enfin… La première fois où je fus embrassé par un garçon. Ce n’était que dû au jeu de la bouteille et il me fallut un moment pour m’en rendre vraiment compte mais à ce moment je sus que je n’étais pas comme le reste de mes camarades car au fond ça ne me dérangeait pas.

- Et maintenant, que deviens-tu ? Si l’on en croit mon père, je serais un « écrivain de pacotille » qui ne connaitra jamais ce qu’est le véritable succès. Mais je n’en ai que faire de son avis, je trace mon chemin contre vents et marrées pour me faire un nom parmi les plus célèbres non pas dans l’intention de récolter gloire et argent mais pour inspirer les nouvelles générations comme je l’ai été. Je suis toujours étudiant à l’université, mais j’ai déjà commencé à publier certaines de mes nouvelles et je cherche activement une maison d’édition pour publier mon premier livre. Enfin… Le premier parmi d’autres qui à mon sens ne méritent que d’être lus par nostalgie lorsque le cœur et l’envie m’en prend. Je vis ma vie comme je l’entends, je subviens moi-même à mes besoins – peut-être pas de la manière dont ma mère l’avait imaginée quand elle m’affirma qu’il était préférable que je me construise moi-même plutôt que d’être façonné par mon paternel – et profite de chaque instant pour nourrir ma plume d’expériences, pour donner à mes mots plus d’impact.

- A ton avis, qu'est-ce que les gens pensent à ton sujet ? Ceux qui me connaissent depuis longtemps diront surement que je suis l’ainé Abberline, celui qui a gâché ce cadeau que son père lui fit en préférant se détourner pour une vie de misère et de prostitution si l'en en croit la rumeur. Mais ces personnes-là ne savent pas qui je suis réellement, elles ne savent pas à quel point je peux me sentir libre, à quel point je peux aimer ma vie telle qu’elle est à présent. Et puis pour les autres, mes voisins, amis étudiants ou même tout comme moi habitués des bars ne voient sans doute comme ce petit bout d’écrivain souriant ayant toujours un carnet et un stylo sur lui pour noter ses idées avant qu’elles ne s’envolent loin – la plupart du temps à cause d’un verre de whisky en trop.

- Quel est ton plus grand rêve ? Mon plus grand rêve est bien évidemment de devenir un auteur à succès comme tout écrivain en devenir. Voir l’un de mes livres sur la liste des bestsellers vendus à travers le monde comme tant d’autres avant moi serait l’aboutissement de tout mon travail et mon plus grand honneur. Toutefois ce rêve ne pourrait s’accomplir que s’il était accompagné de la fierté de mon père, l’entendre me présenter ses excuses et me dire à quel point il est heureux pour moi. Malheureusement ce jour n’arrivera probablement jamais.

- Quel est LE secret que tu caches ? J’ai beaucoup de choses à cacher, certaines que je me reproche encore aujourd’hui et d’autres dont j’ai tout simplement honte. Mon métier d’escort en fait partie, non pas que je ne l’assume pas ou que personne en dehors des personnalités mondaines n’est au courant cependant ce n’est pas ma plus grande fierté et je ne le crie pas sur tous les toits. Concernant mon plus grand secret… J’ai dérogé une seule fois à mes principes et ai couché pour de l’argent à mes débuts. C’était l’associée de mon père, elle se montrait insistante et ne cessait pas de me répéter qu’elle n’épargnerait aucun détail de notre petite aventure lorsqu’elle le raconterait à mon père car voir mon visage aux soirées auxquelles il participait n’était pas suffisant selon elle. Lui qui lui ferait du rentre dedans depuis un moment serait furieux en l’apprenant. Elle m’a finalement proposée une somme que je ne pus refuser et je me retrouvai avec elle pour une nuit qui reste encore aujourd’hui la pire nuit de ma vie.

- L'argent, le succès, la célébrité, ça représente quoi pour toi ? Evidemment je ne peux qu’espérer avoir du succès un jour. Cependant je n’arrive pas à comprendre ces personnes qui se délectent de leur célébrité, de leur pseudo influence qui n’est pour la plupart qu’une influence surmédiatisée, celles qui se complaisent dans un mode de vie bien trop luxueux. L’argent fait tourner le monde, c’est bien connu. Et ceux qui possèdent l’argent possèdent également le pouvoir de changer les choses, mais ce n’est pas une raison pour étaler sa fortune en maisons de vacances sur tous les continents ou en collections de voitures pimpantes qu’ils ne conduiront. L’argent, le succès, la célébrité… Ce ne sont pas de mauvaises choses si l’on sait rester humble, si l’on sait s’en servir à bon escient. Ces choses ne représentent donc pas un impératif pour moi, je pourrais très bien m’en passer éternellement.

Je rêve d’être un auteur reconnu et que mon père en soit fier. Je rêve de me réconcilier avec ma famille, qu’ils m’aiment pour ce que je suis et pas pour celui qu’ils auraient voulus que je devienne. Je rêve de trouver l’amour, fonder une famille, avoir des enfants que je pourrais élever en leur inculquant les bonnes valeurs. Je rêve de faire la connaissance de Stephen King. Je rêve d’aller vivre à Amsterdam, ou bien Paris, deux villes que j’ai toujours appréciées tant pour leur beauté que pour tout ce qu’elles représentent. Je rêve de pouvoir aider tous ces enfants qui meurent de faim chaque jour partout dans le monde. Je rêve de beaucoup de choses, mais la plupart relèvent de l’irréalisable.