Innocent or guilty ? {ft Reaghan.

La journée avait mal commencée et comme si cela ne suffisait pas, j’avais juste envie de dormir, si seulement j’aurais pu rester au lit au lieu d’être au bureau, je l’aurais fait. Mais le travail avant tout. La veille j’avais eu la bonne idée d’aller à une fête donnée par la famille Brannigan, d’ailleurs je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que leur gamin me regardait un peu trop bizarrement, et à cause de cette soirée j’étais rentré plus tard que d’habitude me coucher et un peu éméché. Alors ce n’était pas vraiment la joie ce matin, surtout que j’avais encore de la paperasse à finir de la veille. Tout ce que j’aimais. J’espérais juste que la journée allait s’améliorer, qu’on m’appellerait pour une urgence ou que je trouve autre chose à faire que de finir mes rapports. Soupirant, je décidais de fouiller dans mes tiroirs. Mes mains touchèrent une petite enveloppe. J’arquai un sourcil, me demandant ce que ça pouvait bien être. Je la sortis pour la déballer. Il n’y avait pas grand-chose à l’intérieur, juste un collier, avec un pendentif en forme de cœur. Mon corps se serra en le prenant dans la main et mon regard s’assombrit. Je sus de suite ce que c’était. Le collier de ma sœur adoptive, tuée dans un accident de voiture il y a de cela deux ans, avec son amant. Le mari Wellington. Je commençais gentiment à ne plus supporter cette famille, surtout Reaghan. J’avais juste l’impression que quoi que je fasse ou j’aille, y avais toujours des histoires avec elle. Elle m’exaspérait.

A la mort de ma sœur et de son mari, j’avais fait tout mon possible pour qu’on me confie l’enquête, dont j’avais pour finir hérité. J’avais fouillé dans le passé de tous les membres, y compris dans celui de ma sœur adoptive.  Sans rien y trouver de louche, ou les quelques choses banales comme dans toutes les familles. L’enquête n’avait pas donné grand-chose et le médecin légiste ainsi que les techniciens de scènes de crime avaient tous conclu leur rapport par un accident. J’avais dû abandonner mon enquête et toutes les charges contre la veuve Wellington, mais en sachant qu’il y avait quelque chose de louche derrière cet accident, je continuais l’enquête officieusement.  J’en avais fait une histoire personnelle à cause de la victime féminine. Même deux ans après, je n’avais pas réussi à me convaincre que c’était bel et bien un accident, alors que c’en était effectivement un. Alors me retrouver là, avec son collier dans les mains, je me sentis assaillis par toutes sortes d’émotions. Je n’étais pas du genre à me laisser aller ni à me montrer faible. A la place, je sortis de mon bureau pour aller me fumer une cigarette. J’e avais bien besoin, surtout après ce que j’allais faire. Dès mon retour du travail, je composais le numéro de Mme Wellington, je connaissais son numéro par cœur, va savoir pourquoi, en lui demandant de venir me voir cet après-midi, si c’était possible, car j’avais quelque chose qui lui appartenait. Ce n’était absolument pas vrai mais je voulais la confronter à ce bijou, voir sa réaction et peut-être en apprendre d’avantage.

Le reste de la matinée je le passais à finir de rédiger mes rapports. Une bonne chose de fait et dès le début de l’après-midi, j’attendais Reaghan à mon bureau, qui avait accepté de venir. Je ne faisais pas grand-chose. Je n’avais aucune motivation. Et je n’allais surtout pas faire du rangement, fallait vraiment que j’engage une secrétaire. Comme à la maison. Dès que j’entendis des bruits de talons se répercuter dans le couloir, je me levai, remis en place mes habits et vint l’accueillir. « Madame Wellington ». J’hochai la tête en signe de salutation, sans lui tendre la main. Je la connaissais assez bien pour savoir que ça ne servait à rien.
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Je l’entendis arriver avant de la voir. Ses talons claquaient le sol et je vis que la moitié des agents dans le couloir tournèrent la tête dans sa direction. M’étant appuyé contre le mur jouxtant ma porte, les croisés, un regard dur, je la vis retirer ses lunettes de soleil et rajuster ses vêtements. Elle n’avait vraiment pas changé en deux ans. Et encore, je ne l’avais pas encore en face de moi mais c’est en tout cas l’impression que j’avais d’elle. Fallait toujours qu’elle se montre sous son meilleur jour, qu’elle se montre plus forte et supérieure aux autres, c’est en tout cas le souvenir que j’avais d’elle les fois où j’avais dû la côtoyer. Que ce soit au moment de lui annoncer la nouvelle de la mort de son mari, à son enterrement, dont j’avais décidé d’assister pour observer principalement sa réaction, et toutes les fois où on l’avait amené au poste pour interrogatoire, en tant que témoin ou suspect, ou bien chez elle. C’était toujours le paraître qui ressortait le mieux chez elle. Les habits, les bijoux. Tout. Dès qu’elle arriva à mon hauteur, elle me mit directement dans l’ambiance. Elle me fit bien comprendre qu’elle ne voulait pas être ici et qu’elle n’avait pas que ça à faire. Elle croyait quoi ? Que j’avais que ça à faire aussi et que c’était une partie de plaisir pour moi ? Loin de là. Si j’avais pu éviter cette visite je l’aurais fait. Je ne supportais pas grand-chose chez elle, alors oui, moins je la voyais mieux je me portais. Je me demandais pendant un moment pourquoi je l’avais convoquée. Il y a avait des côtés chiants des fois à être têtu comme une mule et maintenant qu’elle était là, devant moi, je ne pouvais plus faire marcher arrière. « Je peux m’estimer heureux alors » lui répondis-je avec un sourire en coin. Je n’eus pas le temps de rajouter autre chose qu’elle s’engouffrait déjà dans mon bureau, prenant place sur une chaise et posant un sac noir sur la chaise d’à côté. Je regardais un petit moment ce petit objet, arquant un sourire, soupirant. Avant de rentrer à mon tour, je remarquais plus loin un de mes collègues, me regardant avec un grand sourire et me faisant un clin d’œil. Je secouais la tête dans sa direction, lui faisant bien comprendre que ce n’était pas ce qu’il pensait. Je rentrais donc à mon tour dans le bureau, m’installant à ma place. J’avais hésité pendant un moment à rester debout, signe de supériorité, lui montrer qu’ici c’était moi qui commandait et pas elle, mais j’avais préféré m’asseoir. En tout cas pour l’instant. Je me mis à la fixer, plantant mon regard dans le sien, tripotant l’enveloppe contenant le collier dans mes mains. Ca attendra un petit moment encore, je n’allais pas lui faire le plaisir de raccourcir notre entretien parce que Madame était pressée. Je sabotais par la même occasion ma journée, mais ma rancœur et ma fierté prenait le dessus. « Moi aussi ça me fait plaisir de vous revoir », dis-je d’un ton narquois. « Votre client attendra le temps qu’il faudra ! ». Remarquant que je n’avais pas fermé la porte de mon bureau, je ne voulais pas être dérangé et devoir subir les moqueries de mes collègues, je me levai pour aller la fermer et je m’arrêtais dans un coin de la pièce, me préparant un café. Je ne lui en proposais pas. Certes ce n’était pas digne de mon statut ni de mon éducation, mais elle n’était pas comme les autres et elle ne méritait pas mon attention ni mon respect. Mon café en main, je retournais m’asseoir, mais cette fois-ci sur le bord de mon bureau, pas très loin de Reaghan. « Tout dépendra de vous ma chère ». Je me penchai pour prendre l’enveloppe et je la lui tendis. « Je crois que cela vous appartient ». Mensonge. Je savais très bien à qui il appartenait, mais voilà, j’étais buté et je voulais voir sa réaction. Je savais déjà que cet entretien n’allait pas durer très longtemps, autant en profiter maintenant qu’elle était là.
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Becky. C’était le nom de ma sœur adoptive. Elle avait été adoptée, avec son frère jumeaux, par ma famille alors qu’ils étaient âgés d’environ dix ans. A l’époque j’en vais à peu près dix de plus, dont la vingtaine, et oui, j’habitais encore chez mes parents, tout en état à l’école de police. Je ne voulais pas me mélanger avec les autres personnes. Au début, dès qu’ils débarquèrent, je ne les aimais pas vraiment. Pour moi, ils venaient casser l’harmonie qui existait au sein de ma famille, et bien évidemment, venant d’une autre classe sociale et leur parent étant mort, mes parents leur apportèrent toute leur attention me laissant de côté. Soi-disant que j’étais grand et que je n’avais plus besoin d’eux. A chaque fois que je faisais un commentaire ou que je ne les traitais pas assez bien à leurs yeux, j’avais toujours le droit à des remarques du genre « Mais James, soit indulgent, après tout ce qu’ils ont vécus … Ils ne demandant que ton amour », et blablabla. A la fin je n’écoutais même plus. Mais devant cohabiter avec eux, j’avais rangé mon amertume au placard pour m’approcher de Becky et son frère, pour à la fin bien les apprécier. Jusqu’au jour où, car oui, ça n’a duré que quelques années, ils atteignirent seize ans. A part de jour-là ils commencèrent à en faire qu’à leur tête. A sortir faire la fête, à boire, à se droguer, à coucher à droite à gauche. Faisant partie d’une famille très connue en Angleterre, quasiment chaque semaine j’avais le droit à leur déboires en première page d’un journal. J’avais limite l’impression de faire partie de la famille royale. Tout ça me dépassait au plus haut point et j’ai coupé tout contact avec eux. A leurs dix-huit ans ils déménagèrent à Miami, pour me grand soulagement, mais déménageant moi aussi quelques années plus tard là-bas, je ne pouvais pas les ignorer, surtout qu’ils avaient continué comme en Angleterre. Le jour de l’accident de l’ancien mari à Reaghan, je ne fus qu’à moitié surpris de reconnaître ma sœur à la place du passager. Je ne savais pas qu’elle entretenait une aventure avec un homme marié, vu que je ne lui parlais plus, mais ça ne m’étonnait pas du tout d’elle. De son frère je n’avais pas du tout de nouvelles. Et concernant Becky, le comportement que j’employais devant la jeune femme, était totalement faux. Du pur mensonge. Certes, ça me touchait qu’elle soit morte, mais pas autant que je devrais. Dans ma tête elle avait mérité ce qui lui était arrivé. Je n’allais pas jouer la compassion. Mais devant Madame Wellington, je faisais passer ma sœur comme la prunelle de mes yeux.

Dès que je la vis arriver, je détaillais bien évidemment son habillement, tiré à quatre épingles comme à son habitude. Aujourd’hui elle était vêtue d’une jupe, un peu trop courte à mon goût pour se rendre au commissariat, mais faut bien l’avouer, elle avait des jambes magnifiques, et d’un chemiser. Pas de veste, ce que je comprenais tout à fait avec la chaleur de Miami. Moi-même j’étais habillé avec un jeans, le statut d’inspecteur faisait que on pouvait s’habille comme bon nous semblait, et d’une simple chemise blanche aussi. La première impression que j’eus en la voyant, c’était qu’elle ne voulait que se faire prendre sur le bureau. Là tout de suite. Ça ne m’étonnait qu’à moitié. Voyant le genre de fille que c’était, ce ne serait pas impressionnant que c’était ça qu’elle voulait. A la place elle alla s’assoir sur une chaise, jouant à l’innocente. A croire que c’était la pureté. La vierge marie. Bon, cet entretien allait être plus dur que ce que j’avais prévu. Je me maudissais encore de l’avoir convoquée. Pour rien surtout. Heureusement qu’elle ne savait pas ce que je pensais réellement de ma sœur. Je la voyais déjà s’hérisser les cheveux, se rouant sur moi comme une furie, les poings levés, prête à taper, pour lui avoir fait pendre son temps, et l’avoir harcelée pour rien pendant ces deux dernières années. Quoique, ça pouvait être drôle, elle qui faisait tout son possible pour se donner une bonne image d’elle-même, ne jamais sortir du droit chemin. Je serais curieux de la voir sortir de ses gonds un jour. Après avoir pris mon café, j’allais m’assoir sur le coin du bureau et elle se mit soudainement à rire, d’un rire fort. Je fronçais un sourcil, secouant la tête. Ca ne tournait pas rond dans sa tête. Je ne relevai même pas le fait qu’elle rigole pour rien, c’était une perte de salive.  Lui tendant l’enveloppe, elle en profita pour faire glisser sa main sur la mienne. Je soupirais. Mon dieu qu’elle était prévisible. Sérieusement ? Si elle voulait jouer à ça, elle ne savait pas qui elle avait en face d’elle. Ah ça non. J’étais tout autant fort qu’elle à ce jeu. Je fis semblant de rien, comme si je n’avais pas senti sa main. En ouvrant le paquet, elle n’eut aucune réaction. Je n’en entendais pas moins de sa part. Toujours l’image avant tout. Elle se leva et fit tomber le collier entre mes mains. « A ma mère ? », je feins l’ignorance. « Il n’est pas à vous ce collier ? ». Elle était maintenant trop proche de moi. Elle bouffait mon espace vital. Commençant à avoir chaud, je retroussais les manches de ma chemise, tout en la regardant droit les yeux. Souriant. « Si vous voulez bien, rasseyez-vous. J’en ai pas fini avec vous ». Je repensais à l’agression qu’une de ses employées avait subi un soir, et je voulais lui parler. Mais ça attendra un petit moment. J’avais tout mon temps, contrairement à elle. « Ou je serai obligé de vous menotter pour ne pas que vous fuyez comme une lâche, comme vous avez l’habitude de faire apparemment ». J’attendais une réaction de sa part. Certes, j’avais conscience, je n’avais pas été très sympa avec elle et je n’avais aucun droit de la menotter. Elle était là juste pour répondre à des questions, pas en tant que suspecte. Je n’avais aucun droit sur elle et encore moins la garder ici. « Bon. Si vraiment votre client vous attend … je ne vais pas lui enlever cette chance de vous rencontrer », mais je m’interrompis un moment avant de rajouter. « D’ailleurs, maintenant que j’y pense, rien qu’on vous regardant, je me dis que je pourrais vous arrêter pour racolage. Vous êtes habillé comme si vous allez faire le tapin … et surtout qu’un client vous attend … » Un sourire narquois s’afficha sur mes lèvres. A ton tour chérie.
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Assis sur le coin de mon bureau, balançant ma jambe d’avant en arrière en signe de petit malaise, je pris le collier qu’elle m’avait remis dans les mains. Soupirant, je me penchais pour rependre l’enveloppe et je le remis là où il était. Il allait certainement finir aux oubliettes. Je n’étais pas du genre à garder des souvenirs, surtout en connaissant la vraie relation que j’avais eu avec ma sœur. Certes, je ne voulais pas la voir mourir, mais voilà, la vie était fait ainsi et ça ne servait à rien de ressassé le passé. Ce qui était arrivé était passé. Fallait avoir les pieds sur terre et aller de l’avant. Je jetai le paquet dans un coin de mon enveloppe avant de reporter mon attention sur Madame Wellington, qui était un peu trop proche de moi à mon goût. Elle empiétait sur mon espace privé. Un sourire de dessina sur mon visage, railleur. « Mais voyons, ce n’est qu’une proposition honnête, j’étais presque sûr que cela vous ferais plaisir ». Ou pas. Encore un mensonge. J’étais doué pour cela. C’était principalement pour voir sa réaction. La faire sortir de ses gonds. D’arrêter de se comporter comme une princesse, d’arrêter d’être une lady. Car je savais qu’au fond d’elle, elle en était pas une. C’était une image qu’elle aimait donner au monde extérieur, mais au fond, elle n’était pas comme cela. J’avais vu assez souvent ce comportement pour savoir qu’elle faisait partie de ces gens-là. « J’aime m’octroyer certaines libertés … surtout quand il s’agit de charmantes demoiselles ». Je lui fis un clin d’œil, pour la déstabiliser. Non pas qu’elle croie que je mettais fait des films la concernant, car ce n’était pas le cas. Certes, je pouvais avoir toutes les filles que je voulais, mais elle, elle était plus dure à avoir et je n’en voulais de toute façon pas. Il me suffisait de passer un coup de fil à quelqu’un, pour la remplacer. Et je m’en fichais aussi un peu de ce qu’elle pensait de moi. Chacun pense à ce qu’il veut, on ne peut pas l’empêcher. De toute façon j’avais déjà une réputation de gros salopard, alors un peu plus ou un peu moins, cela n’allait pas changer les choses.

Elle s’éloigne soudainement de moi, posant ses mains sur la chaise ou elle était assise il y a quelques instants, sans s’assoir. J’haussais les épaules, ça me faisait une belle jambe qu’elle s’asseye ou qu’elle reste debout. J’avais obtenu ce que je voulais d’elle. Son attention. Et elle n’était toujours pas partie. J’écoutais attentivement ce qu’elle me disait, d’une seule traite, sans l’interrompre, lui répondant qu’à la fin de son monologue. « Vous avez travaillé dur ? Vous appelez ça un travail de se chercher un mari riche et d’attendre sagement qu’il meurt ? Vous en avez eu de la chance, j’avoue, qu’il ait eu un accident de voiture, qui ait précipité sas mort. Certes, l’enquête a été bouclée. Un accident regrettable, ivresse au volant, perte de la maîtrise du véhicule. Mais comme vous devez certainement le savoir, j’en fais une affaire personnelle. Je n’ai pas besoin de vous dire pourquoi j’imagine. Et manque de pot, ça tombe sur vous » Je secouais la tête. Certes je n’avais pas été très sympa tout à l’heure et encore maintenant je ne l’étais pas. En temps normal, je ne me comportais pas de cette manière. Mes parents ne m’avaient pas élevés de cette façon et surtout vu mon statut d’inspecteur, j’aurais dû faire preuve de plus de tact et de diplomatie. Mais ça avait été plus fort que moi. Elle avait tendance à m’inspirer que de la haine. C’était comme ça. « C’est comme ça que vous me voyez ? Celui qui vit que de sexe et d’argent ? ». Je secouais la tête, décidément, la journée ne fera que me surprendre. « Et vous pensez vraiment me connaître ? La moitié de ce que vous avez dit sur moi est complètement faux. Mais je ne vous ferais pas le plaisir de déblatérer mes vieux dossier devant vous. Vous ne connaissez absolument rien de moi ni de ma vie. Vous ne voulez pas qu’on vous juge, mais par contre vous n’êtes pas mieux. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. C’est tout à fait vous ça ». Je pris une grande inspiration.  « Pour ce qui est du respect, vous n’en avez pas non plus pour moi. C’est donnant donnant ». Elle ‘avait pas eu tort sur certaines ponts, mais ce n’est pas pour autant qu’elle me connaît. Elle ne connaît rien du tout à vie. Alors oui, j’ai peut-être grandi dans une famille privilégié, oui j’ai vite pris goût à la luxure, et encore maintenant j’y prends goût. Mais elle ne sait pas le nombre de fois où j’avais eu envie de tout laisser tomber, de changer de vie, de vivre ma vie tout à fait normalement, comme la majorité des gens. Je les enviais presque, c’est ridicule. Mais les gens qui n’ont pas grandi dans une famille comme la mienne ne peuvent pas comprendre ce que c’était. Pour eux, c’est le rêve. Avoir tout servi sur un plateau d’argent, claquer des doigts pour avoir tout ce qu’on voulait. Mais ce n’était pas que cela. On était constamment surveillé, par tout le monde. On était obligé de rentrer dans un moule. Les journalistes étaient constamment de mes moindres faux pas. Je n’avais rien le droit de faire. D’une certaine manière, j’enviais mon frère et sa sœur, qui peuvent faire ce qu’ils voulaient et s’en fichent de l’opinion des autres. « Ne vous inquiétez pas pour moi, cela ne risque pas d’arriver. Une épouse très peu pour moi. Et si par hasard j’en aurais une, qu’elle me trompe si cela lui fait plaisir ». J’haussais les épaules. Je me voyais mal être accompagné et finir ma vie aux côtés d’une femme. Juste qu’é maintenant, certes, j’avais vécu des histoires d’amour, mais j’avais remarqué que c’était trop peu pour moi. Et si par hasard elle me tromperait, je n’aurais rien à dire. Ce n’est pas comme si j’étais fidèle non plus. En tout cas jusqu’à maintenant je ne l’avais pas été. Quand elle me parla de passer dans sa boutique, pour me retirer le balai que j’avais soi-disant dans le cul, je lui souris. « Vous parlez du contenu de votre sac noir ? » Je lançais rapidement un regard à celui-ci. « Faites pas l’innocente, je sais très bien ce qu’il contient, ayant déjà passé des commandes dans votre boutique. Vous voyez, vous ne me connaissez pas ». Qu’est-ce qu’elle pouvait être exaspérante quand elle le voulait. Je me levai, commençant à avoir des crampes, avant de me diriger vers la fenêtre, regardant un court instant la vue qu’elle m’offrait, pour reporter ensuite l’attention sur Reaghan. Je m’approchais gentiment d’elle, lui passant devant pour ouvrir la porte, étant donné qu’elle voulait partir. Au passage je lui effleurais les épaules et la taille, involontairement. « Faites comme vous voulez, si vous avez envie de partir, partez. Vous connaissez le chemin. Ça sera peut-être mieux comme ça après tout. Juste deux choses avant que vous franchisez le pas de mon bureau. Pour être tout à fait honnête avec vous, quand je vous ai vu arrivé, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était que vous vous étiez habillé comme vous l’êtes pour une simple et bonne raison. Vous envoyez en l’air pour me distraire, me détourner de ce que je voulais vraiment vous dire. Je précise que ce n’est pas ce que je voulais. Et la dernière chose, je voulais juste vous prévenir qu’une de mes employées s’est fait agressée il y a de ça deux nuits, au cas où vous en le saviez pas ». Je me trouvais maintenant devant la porte, ma main sur la poignée, attendant de voir ce qu’elle allait faire.
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Je commençais gentiment à en avoir marre de ce petit jeu. Et la fatigue n’aidait en rien mon humeur déjà massacrante. C’était un tout et voilà que j’avais eu la bonne idée de l’inviter dans mon bureau, pour je ne sais quelle raison en plus. Certainement pour la tester, mais ça n’avait pas vraiment eu l’effet escompté. On avait plutôt passé le reste du temps à s’envoyer des piques, chacun à son tour. J’avoue que je n’étais pas très bien de mon comportement. Mais ça, je n’allais pas le lui dire. Ha la fierté masculine. Je me frottais les yeux réfléchissant à tout ce qui venait de passer et comment on en était arrivé là. Certes, je na ne la portais pas dans mon cœur, alors qu’en fin de compte je ne la connaissais même pas spécialement, et apparemment elle non plus. Je l’avais connu il y a de ça deux ans, à la mort de son cher mari, et de ma sœur, qui se trouvait aussi dans la voiture. Il ne fallait pas être une lumière pour comprendre ce que cela signifiait. La tâche d’aller annoncé à la veuve la nouvelle m’était tombée dessus et depuis ce soir-là, c’était directement mal parti. Dès les premières secondes on n’avait pas vraiment pu se voir. À mes yeux, elle était trop arrogante, superficielle. Je n’arrivais pas à mettre un mot dessus, mais elle avait l’air fausse. Tout ce qu’elle faisait sonnait faux. Et encore maintenant j’ai la même sensation. Et pour ma part, bon, rien à dire. Le fait que ma sœur était dans la voiture, j’étais beaucoup plus concerné et je n’étais pas très rationnel dans l’enquête. Je n’avais pas envie de devoir gérer cette enquête, mais voilà que mon boss m’avait mis dessus, sans savoir qui c’étaient les victimes. J’en avais fait une affaire personnelle, n’arrivant pas à me dire que c’était un simple accident, surtout en voyant la beauté de la veuve. Cela me semblait bizarre, mais je dus bien croire les rapports des scientifiques qui avaient conclu à un accident. Depuis j’avais passé à autre chose, même si de temps en temps je bossais encore sur le dossier, à la maison, sans que personne le sache. C’était peut-être pour cela que je l’avais fait venir. Sur un coup de tête, retrouvant le collier.  

Réalisant tout ce que je venais de dire, je n’avais qu’une seule envie, me gifler. Je n’avais pas été élevé comme ça et j’étais sûr que si mes ancêtres m’auraient entendu, ils s’exciteraient dans leur cercueil. Soupirant, je décidais que la bataille était finie. Elle avait en partie gagnée, étant donné que je n’avais plus la force de lui faire face. Trop de choses n’allaient pas depuis un moment et ce n’était pas à elle de ramasser. Je me forçais quand même à lui répondre, du mieux possible.  «  Non pas du tout, loin de moi cette idée. Et tout comme vous je ne me réveille pas non plus le matin en me disant que je vais vous voir. Encore heureux ! » Bon, j’avais de nouveau été un peu fort. Je devais vraiment reboire un café pour me calmer ainsi que sortir fumer une cigarette. Elle ne me fera que le plus grand bien.  « A ce que je sache il ne sait rien passé, alors vous faites fausse route. Heureux de l’apprendre, mais ça ne m’intéresse guère vos pratiques sexuelles ». Il n’en dit pas plus. Il avait bien évidemment aussi testé le bureau, surtout celui qui se trouvait dans cette pièce, mais cela ne la regardait guère. Il n’était pas trop du genre à parler de ses exploits, et encore moins à elle. « Pas besoin de monter sur vos grands chevaux, c’était juste pour avertir, voilà tout »  J’haussais les épaules, m’approchant de la porte, la main sur la poignée.  « Sur ce, vous pouvez disposer. Bonne journée Madame Wellington ». Gardant un visage impassible, j’ouvris la porte et elle sortit dès qu’elle le put. Je la regardais s’éloigner, me grattant la tête. Tout était parti à vau-l’eau. Quelques collègues me regardèrent, souriant comme des couillons, me faisant des clins d’œil. Qu’ils croient ce qu’ils veulent. Juste avant de retourner dans mon bureau, mon boss sorti du sien et m’appela dans le sien. Putain. Ça allait barder.
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