do you want some candy? (ft. Will)

Will & Reaghan

Le rendez-vous avec le comptable semble interminable. Reaghan le regarde, complètement impuissante, les chiffres, ça la dépasse surtout quand c'est aussi important. Du coup, pour passer le temps, elle se vernit les ongles. Elle secoue ses mains dans les airs quand il lui annonce enfin qu'il en a terminé pour ce mois-ci. Reaghan lui aurait bien sauté au cou, mais son vernis lui semble plus important alors elle se contente juste de le saluer verbalement. Très rapidement, elle descend les quelques marches qui sépare son bureau du club. Direction la porte dorée qu'on lui ouvre sur son passage. Candy Lust est un royaume dont elle en est la reine. Direction le bar, sur son passage, elle salue quelques employés et certains habitués. Il y a plusieurs avantages d'être la patronne d'un lieu comme le Candy Lust, mais le meilleur reste de pouvoir boire ce qu'on le souhaite et sans se soucier du prix. Mieux encore, que le barman vous le prépare sans même que vous n'ayez besoin d'ouvrir la bouche. Il y a quand même un petit risque, qu'un client vous considère comme une danseuse, heureusement qu'elle n'a pas mis son costume d'infirmière. Reaghan s'installe sur un des nombreux tabourets, et le fait tourner afin de voir la salle principale entièrement. Ça lui fait du bien de voir d'où elle vient, de voir qu'il n'y a pas si longtemps, elle était une de ses filles. Danseuse, accompagnatrice, pauvre fille dans un nouveau monde. Amoureuse à la recherche d'une vie meilleure, garce au grand cœur. Fille facile disent-ils, alors qu'elle tout simplement libre, aujourd'hui, elle peut en rire, car à présent, elle s'en fiche des autres. Il n'y a qu'Aiden et elle, et ça, pour le restant de sa vie. Reaghan est fière de voir son bébé, son petit bijou vivre ainsi, même si ce n'est pas un lieu dont les gens se vantent de fréquenter. Elle aime ce monde de secrets et de mystères, les regards honteux et les sourires vicieux. Reaghan récupère une cigarette de son paquet, le seul objet qu'elle a ramené. Enfin sauf si on compte ses deux portables, mais elle ne les quitte tellement jamais qu'elle les considère comme deux parties de son corps. Elle allume tout en regardant ses filles faire le show. Oui, elle les considère comme ses filles, elle aime avoir ce lien avec elles, comme Abigail avait eu avec elle quelques années auparavant. Elle croise les jambes, un coude sur le bar, elle est chez elle. En ce début de soirée, le club est assez tranquille, surtout des hommes d'affaires essayant de décompresser après une dure journée. C'est le moment qu'elle préfère, le club est calme, mais l'argent entre quand même, les hommes sont respectueux, enfin une grande partie du temps. Ce n'est pas encore l'heure des enterrements de vie de garçon, ni celle des touristes, c'est l'heure des gentleman, comme elle aime l'appeler.

Il y a cet endroit en ville, dont beaucoup parlent. Le Candy Lust. Rien que le nom est évocateur. Ce genre d’endroit n’est pas de ceux où Will mettrait les pieds d’ordinaire. Sauf qu’on le lui a mentionné, et on l’a évoqué comme un paradis si différent des autres. La curiosité l’a alors poussé à entrer dans ces lieux. Quand son regard se pose sur la salle, il ne se sent d’abord pas à sa place. Le chirurgien a pourtant une réputation qui le précède. On dit de lui que bon nombre d’infirmières ont fini dans son lit, et pas seulement. Oui, mais ça c’était avant Bianca. La jeune femme a réussi à s’emparer de son cœur et il ne veut plus qu’on lui prête mille et une relations. D’autant plus que la jeune femme porte en elle son enfant. Il ne devrait donc pas être là. Mais la conscience tranquille il sait qu’il ne fera rien de déconseillé, il n’est pas d’humeur pour ça. Il veut juste voir à quoi ressemble cet endroit de l’intérieur, puisqu’on en a tant vanté ses mérites. Il tourne et vire, observe la constitution de la pièce, posant son regard sur les danseuses un court instant, avant de se diriger vers le bar. Elles sont charmantes, elles ont tout pour plaire, mais il ne saurait dire si parmi elles on peut trouver des étudiantes sans défense qui comme lui, cherchaient à financer leur projet professionnel. Ca serait à creuser, et même s’il n’était pas dans les meilleures dispositions, il s’évertuerait à aider ces jeunes filles qui n’ont pas besoin de jeter leur corps en pâture et de faire l’objet de désirs inassouvis. Une fois au bar, il arrêta ses yeux un instant sur une jeune femme qu’il avait déjà vue, mais pas dans ce type d’endroit. Reaghan et lui s’étaient croisés au cimetière, et il trouvait surprenant qu’une telle femme travaille ici. Il s’enquit donc à aller l’aborder : « Bonsoir, je ne pensais pas vous retrouver dans ce genre d’endroit… » Il lui sourit, sans faire d’allusions à son travail, car il n’y a pas de sot métier, il poursuivit la discussion après avoir commandé un verre, ou plutôt deux, et commenta les lieux : « Cette industrie est impressionnante… Je voulais voir à quoi ça ressemblait ! » Au moins, il justifie sa présence, elle ne le prendra pas pour un de ces dérangés, qui doivent y passer la nuit, bien que le public semblait être très ciblé à cette heure-ci. « Vous travaillez ici ? Je ne l’aurais jamais pensé en vous rencontrant dans un cimetière. » Ca l’étonnait, il l’aurait supposée dans une branche plus administrative, moins luxurieuse. Se laissant aller à un petit rire, il plaisanta pour détendre l’atmosphère. « Vous devez me prendre pour un pervers qui lit du Peter Pan… » L’autodérision n’est pas maitrisée par tout le monde, mais Will considérait que l’on peut rire de tout.

Will & Reaghan

Une voix familière qui la sort de ses pensées. Billets verts par centaine. Reaghan se rappelle de lui, comment l'oublier. Ce n'est pas tout les jours qu'on croise quelqu'un alors qu'on prétend être une veuve esseulée. D'ailleurs, elle est assez fière de ce rôle qui arrive à convaincre ceux qui ne la connaissent pas réellement. « Bonsoir. » Le dos droit, elle réajuste le tissus de sa jupe. Elle a un rôle à tenir. « De même, je ne pensais pas que le club accueillait des lecteurs de contes pour enfants. » Ce n'est pas une critique, ni rien de ce genre, c'est juste qu'il ne correspond pas vraiment aux clients qu'elle voit se présenter aux portes. Les compliments la font sourire, c'est toujours bon d'entendre ce genre de choses. Surtout quand elles sont prononcées par une personne qui ignore votre rang dans cette industrie. Elle acquiesce et se tourne vers lui, oubliant les danseuses. D'humeur joueuse, elle préfère ne pas répondre à la question. « J'aime surprendre. » Une gorgée de son cocktail avant d'ouvrir le jeu. «Vous m'auriez donné quel métier ? » Rea veut savoir, elle est curieuse d'en apprendre plus sur l'image qu'elle renvoie aux étrangers. «Effectivement, c'est assez surprenant, je vous aurais vu avec des lectures beaucoup plus adultes, mais vous n'avez rien d'un pervers. Enfin par pour le moment. » La jeune femme sait parfaitement que les véritables pervers se cachent, dévoilent leur véritable nature au dernier moment, quand la porte est fermé et que la possibilité de s'enfuir disparaît. « En plus, je suis sans doute mal placée pour vous jugez. » Son esprit est sans doute plus pervers que celui de Will, il faut l'être un peu pour monter une telle entreprise. Se venger du géniteur absent de son beau en se glissant dans son lit. Reaghan est une habituée de ses lieux où la honte laisse place aux fantasmes les plus secrets. « Je suis la veuve qui vit grâce au sexe, je ne sais pas lequel de nous deux est le plus pervers. » Clin d’œil complice. Rea n'aime pas juger les gens, sauf si ils portent des talons, des extensions et se comportent comme des princesses. Oui, il est rare qu'elle juge les hommes, préférant utiliser sa langue fourchue contre les autres femmes. Les hommes, c'est son gagne-pain, en vexer un reviendrait à brûler une belle liasse. « Alors, vous êtes venus ici que par curiosité ? Pour voir le monde secret de Miami ? » Elle fait tourner sa paille dans son verre. En réalité c'est une double question. Une pour sa curiosité personnelle et l'autre pour sur curiosité professionnelle. Toutes les répondes peuvent servir à améliorer la promotion du club, même si le bouche à oreille reste la meilleure des façons pour appâter le client. « Qui vous a parlé du club? » Son regard se pose sur Will. « Je suis très curieuse, sans doute un peu trop. »

Il sourit irrémédiablement à cette éventualité. Lecteur de contes. Au moins, il peut se dire qu’il aura cette compétence d’acquise quand il deviendra père, et il n’aura pas besoin de passer ce test, bien que sa sœur n’ait jamais pu vraiment lui dire s’il était un bon conteur d’aventures de Peter Pan au pays imaginaire. Il sait aussi qu’il n’est pas le genre de garçon à fréquenter cet endroit. Il sait d’où il vient, et il n’est absolument pas en mal d’affection trop pris par son travail, lui qui est suspendu. Même lorsqu’il était bien affairé, il trouvait toujours un moment pour se détendre et se dégourdir, bien que depuis Bianca, il n’ait plus réitéré ce genre d’expérience. Il demande un Gin Tonic, juste histoire d’accompagner la demoiselle dans sa commande et tandis qu’elle lui confit être pleine de surprises, il pose sur elle un regard intrigué, convaincu qu’elle peut lui apprendre beaucoup de choses sur cet endroit. Quant au métier qu’il lui donnerait, il se met à réfléchir, affichant une grimace indécise tout en ne la lâchant pas des yeux, et puis, il finit par lui donner une réponse : [color=darkgoldenrod] « Je sais pas, juriste ou assistante de direction peut-être. Vous avez l’air d’être une femme à responsabilités. »[/olor] Il avait l’intime conviction de se méprendre à son sujet, mais pas forcément sur le métier dont il l’affublait, peut-être justement sur sa présence ici. Prenant une gorgée de son verre que l’on vient de lui servir, il le pose bien vite pour éclater de rire : « Je vous rassure, je réserve ce genre de lecture au cimetière. Mon livre de chevet n’est pas Peter Pan. » Il laisse planer volontairement le doute quant à ses lectures, ça serait bien trop aisé de lui donner la réponse tout de suite. Puis, il reprend : « Et je ne crois pas être un pervers. Cela dit, les gens autour de nous le sont-ils ? » C’était une vraie question. Quelle était la définition du pervers pour ces mecs qui venaient se détendre en se rinçant l’œil et en laissant leurs fantasmes prendre le dessus sur la réalité ? Il se le demandait, mais jamais il ne se hasarderait à les questionner. Elle disait être mal placée pour parler, dépeignant un portrait d’elle assez malsain, voire complètement déplacé, mais Will ne jugea pas la jeune femme. « Il faut bien gagner sa vie de toute façon, veuve ou pas, grâce au sexe ou grâce à un autre talent. Il n’y a pas de sot métier. » Si lui avait choisi la médecine c’est parce que c’était un milieu qui l’intéressait. Reaghan devait être plus intriguée par le milieu de la nuit que de la santé, voilà tout. Elle commençait un véritable interrogatoire, comme un journaliste qui a besoin de récolter des clichés croustillants comme des aveux notoires qui feraient vendre. Will ne répond pas tout de suite, prenant soin de boire son verre pour se donner un temps de réflexion, se demandant à quoi la jeune femme joue. « Je suis venu ici pour essayer de comprendre ce qui peut attirer les hommes comme des mouches dans un tel endroit. Vous savez que vous êtes parfois responsables du malheur de pauvres vieux cardiaques ? » Son côté médecin ressortait, et il répond encore à ses questions : « C’est un de mes collègues lors d’une garde plutôt calme qui m’en a parlé. Il disait qu’il était un habitué, que ça lui permettait de décompresser. » Mais il n’était pas le seul, bien entendu. « Et vous, qu’est-ce qui vous attire dans ce monde ? » Qu’elle ne s’en fasse pas pour la curiosité, il avait lui aussi ce vilain défaut.

Will & Reaghan

Juriste ou assistante de direction ? Reaghan est heureuse d'entendre ça. Elle, gamine de Londres qui a termine le lycée en grande difficulté. Elle dont le futur ne pouvait se résumer qu'à des petits jobs et des allocations. Cette phrase lui donne l'impression d'avoir réussit sa vie. Les nombreux sacrifices en valaient donc la peine. « Intéressant. » souffle-t-elle. Ce jeune homme commence très bien la conversation. Peter Pan, ce conte n'a jamais vraiment intéressé la jeune femme. En réalité, aucun conte pour enfant ne l'intéresse. Elle préfère des lectures plus sombre. Bien qu'en y réfléchissant, le peu qu'elle connaissait de cette histoire pouvait être interpréter d'une manière terrifiante. « Serait-ce déplacé de ma part de vous demander quel est le genre de livres que vous réservez pour chez vous ? » Elle lui donne la possibilité de répondre ou de la faire patienter. C'est du domaine privé, son intimité, limite qu'elle ne souhaite pas réellement franchir sans son accord. Reaghan autour d'eux, jaugeant le niveau de perversité de ces derniers. Question loin d'être simple, il y a autant de définition de ce terme que de personnes. Lui demander sa définition d'un pervers serait aussi assez long. « Je n'aimerais pas être dans la tête de certains hommes présents ici si vous voulez mon avis. » Cette réponse devrait le satisfaire, le mot qu'elle n'ose pas prononcer pour ne pas blesser certaines oreilles curieuses. « Puis, il y en a d'autres qui sont juste ici pour décompresser un peu. A cette heure-ci le club a beaucoup moins de clients qu'un bar, on est plus tranquille pour boire un verre. » Et certains sont là juste par curiosité. Aucun jugement, c'est beau. Rare surtout, les gens se permettent souvent de juger, Rea n'est pas une exception. Elle juge comme on la juge. Elle juge avant qu'on la juge. Elle juge tout simplement, mais rarement sur le physique. Elle repense aussi à la réaction de ses parents en apprenant l'activité principale de l'entreprise. Aujourd'hui, elle en rit, mais à l'époque, ce n'était pas vraiment le cas. Pas honteuse, juste un peu pudique concernant la femme de sa vie. Elle ne peut s'empêcher de sourire en entendant parler des pauvres vieux cardiaques. « Alors ? Quelle est votre conclusion ? Qu'est-ce-qui attire les hommes ici ? » La jeune femme est persuadée de connaître la réponse. La légèreté d'un tel endroit. L'intimité. Se sentir homme. Et bien évidemment le spectacle. Jolies jeunes femmes triés sur le volet pour ne garder que les meilleures, les plus attrayantes. La question tourne, c'est à son tour de répondre. « Je ne vais pas vous mentir. L'argent, le sexe c'est indémodable, on en a besoin et on en aura toujours besoin, un peu comme les médecins. » Elle lui sourit. « C'est un moyen facile et légal d'avoir de l'argent. On ne manque pas de clients. » Le club et le magasin, deux lieux qui se complètent. « J'aime bien faire rêver les grands garçons aussi. » Et faire plaisir aux ménagères insatisfaites. L'argent est le moteur de toute cette entreprise, des choix de Reaghan. Ce morceau de papier a dicté sa vie depuis sa plus tendre enfance. On se rend de la valeur des choses quand on connaît la sensation de manque. Sans ce besoin presque vital d'argent, la jeune femme serait encore en Angleterre il n'y a aucun doute sur ce point. Arrivée à Miami pour l'argent, pour se venger. Elle y est restée pour cette formidable vie, à l'abri du manque. L'amour et l'argent, que demander de plus ?

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