We're up all night for good fun - camron

Ce soir, Aaron et moi étions conviés à un énième gala de charité pour les enfants maltraités. Et pour ne pas changer, je trainais des pieds pour m'y rendre. Non pas que la cause ne me touchait pas, mais c'était tout simplement insupportable de voir ces gens prétendre soutenir une cause dont ils se moquaient. D'ailleurs, ils étaient souvent les premiers à être de mauvais parents, preuve en était avec la famille Blake. Plutôt ironique comme situation. En fait, derrière ces cartons d'invitations -presque mensuels- se cachaient une excuse pour faire la fête et négocier des énormes contrats. Money, money, money. Malgré mes réticences à y aller, je n'avais pas le choix et je devais me montrer au bras de mon faux fiancé. Les six mois écoulés ne m'avaient toujours pas rodés en la matière et je restais toujours mal à l'aise face à ces apparitions publiques. Certes, notre relation avec Aaron s'était nettement améliorés, mais le mensonge était toujours aussi lourd à porter. Les lieux de la réception était somptueux, j'avais rarement vu un endroit aussi élégant et chic. Contrairement à moi, Aaron avait l'air complètement indifférent. Peut-on vraiment finir par oublier la beauté des choses à force de les côtoyer ? Cette question me traversa l'esprit et alors que j'étais dans mes songes, Aaron m'en tira. Lui aussi n'avait pas spécialement envie d'être présent ce soir, mais il se comportait toujours comme on lui demandait de le faire. Enfin, pas ce soir. Le regard du jeune homme était rempli de malice et son sourire m'aiguilla directement sur le sens qu'allait prendre cette soirée. En guise de réponse, j'attrape à la volée deux coupes de champagne et lui en tend une. Il était temps de porter un toast à cette soirée qui s'annonçait riche en évènements. Ce soir, nous ne respecterions pas les codes.
« Est-ce que ça fait mauvais genre si je termine cette pauvre bouteille ? » Je suppliais Aaron du regard, attendant sagement qu'il me donne son approbation. Mes yeux de cocker auraient raison de lui, je le savais. Impatiente et sûrement déjà un peu saoule, je finissais par hausser les épaules et vider le fond de la bouteille dans mon verre. Plusieurs heures déjà s'étaient écoulés depuis notre premier toast et pourtant, les verres n'en finissaient pas de s'enchainer. « De toute façon, ils ne m'aiment pas et ça tombe bien car moi non plus. » Bonne ou mauvaise image, peu m'importait ce soir. Alors d'un geste approximatif mais vif, je bus cul sec mon verre de vin rouge. Je n'aimais pas le vin et cela même si il avait coûté une centaine de dollars, mais dans ce genre de soirée vous n'aviez pas trop le choix. Champagne, vin et whisky, le trio gagnant qui faisait parti de tous les galas. Le goût était immonde mais l'effet que l'alcool me procurait m'aider à passer une meilleure soirée. Mes yeux se tournaient de nouveau en direction d'Aaron et en l'examinant quelques secondes, mon cœur se mit à battre étrangement plus fort. Cam arrête de le fixer, ça devient étrange là! « Quoi ? T'en voulais toi aussi ? Fallait le dire avant ronron! Tu me pardonnes ? » Ok, c'est officiel, je suis complètement ivre. Je ne l'avais jamais surnommé comme ça avant ce soir, une grande première! La mine faussement désolé qui s'affichait sur mon visage se transforma rapidement en un grand éclat de rire, j'étais tout bonnement incapable de rester sérieuse avec cette quantité affligeante d'alcool qui coulait dans mes veines. Je n'osais même pas imaginer une seule seconde comment la soirée se terminerait pour moi.  

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Une soirée de plus à cocher d'une croix rouge sur le calendrier, un énième gala comme j'en avais déjà fait des centaines de fois depuis bien des années. Un fourmillement indistinct des plus fortunés de la région, s'ennuyant dans leur grande demeure ou profitant de ce genre d’événement pour négocier les contrats les plus juteux. Et enfin, il y a avait les gens comme moi, les faire valoir, ceux que l'on emmène telle une attraction censée vous attirer les faveurs d'un autre. Heureusement, je n'étais plus seul dans ce jeu malsain des apparences et ce même si à la base elle ne l'aurait pas fait de sa propre volonté. Six mois déjà que nous nous affichions à la vue de tous, formant le couple parfait alors que pendant longtemps ça n'avait pas du tout était le cas. Lui en voulant pour avoir accepté ce statut contre rémunération, je ne voyais en elle qu'une sale profiteuse vénale. Mais lorsque l'on vit 24h/24h avec une même personne, on apprend à la connaître davantage voir à l'apprécier. C'est ce qui s'est passé pour nous deux. Les semaines s'écoulaient, les mois s'accumulaient et sans m'en rendre réellement compte je me suis retrouvée à l'apprécier pour ce qu'elle était. Devenant le confident de chacun, l'épaule sur laquelle nous pouvions mutuellement nous reposer lorsque nous nous sentions flancher, j'ai même fini par me poser des questions à son sujet. Et laissez-moi vous dire que c'en était que plus perturbant ; surtout pour un garçon comme moi, je veux dire un jeune homme attiré par des partenaires du même sexe.
Vêtu d'un magnifique costume de soirée, je lançais un petit sourire complice à Camryn lorsque celle-ci tourna la tête en ma direction avant d'attraper à la volée deux coupes de champagne. Apparemment elle non plus n'avait pas envie de la jouer réglo ce soir. Elle portait une somptueuse robe qui mettait sa plastique en valeur et me donnait des sueurs froides. Oui oui vous avez bien entendu. Depuis quelques temps désormais, sans que je puisse en comprendre la logique, il semblerait que cette femme avait réussi à avoir une emprise sur moi ou du moins sur mon corps. D'une certaine manière je me sentais de plus en plus attiré vers elle alors que je ne m'étais jamais attardé sur la vue d'un corps féminin. J'étais donc complètement déboussolé et ne savait quoi penser à tout cela. Aucune autre demoiselle ne m'avait jamais fait cet effet, il n'y avait que Camryn. Est-ce dû au fait que d'une manière ou d'une autre je m'étais résigné à l'idée de devoir faire avec elle ? Plus j'y réfléchissais plus je me disais que c'était autre chose, qu'elle avait un truc de spécial au point de me rendre fou comme ça. Mais bien sûr il était hors de question que je lui révèle ne serait-ce que la moitié de mes pensées. Après tout pour elle ce n'était qu'un boulot rondement rémunéré, rien de plus.
Perturbé donc, je préférai la suivre dans sa beuverie, enchaînant les verres et les alcools à une allure phénoménale.  Les pommettes rosies par tout ces effluves de liquide chaud au cours des heures, je sentais un étrange bien être m'envahir ainsi qu'une désinhibition rafraîchissante. « Au point où tu en es poltronne ! », lui répondis-je alors d'un air moqueur tandis que je vidais la dernière gorgée de vin de mon verre. « Tu plaisantes ? T'as vu comme tous ces vieux pervers t'ont maté tout au long de la soirée ? C'est que je pourrais finir par être jaloux. », rajoutais-je en lui faisant un clin d'oeil amusé mais à demi vrai. J'aurais pu me perdre dans ses petits yeux malicieux qui pétillaient d'une lueur enfantine cette nuit là tandis qu'elle vidait la bouteille d'une dernière traite. Les yeux ronds, je ne pouvais n’empêcher de m'attarder sur son visage de poupée, ce qu'elle prit pour un regard inquisiteur. « M'appelle pas comme ça ! Tu sais que je déteste ça. », rétorquais-je lui donnant volontairement un petit coup d'épaule. Cela faisait du bien de la voir aussi déconneuse même si j'avais en horreur ce surnom. « J'ai une idée.. ». Tanguant légèrement, j'avais de plus en plus de mal à rester sérieux et je m'approchai du buffet pour attraper une bouteille de Bordeaux affreusement cher mais restée étrangement intacte pour l'instant. « Et si on se tirait d'ici le plus rapidement possible avec ce petit cadeau en prime ? ». Je prenais la main de Cam' dans un élan surprenant et nous voilà à l'extérieur du bâtiment, prêts à rentrer à la maison pour peaufiner notre futur gueule de bois matinale. Apercevant un taxi, je lui faisais aussitôt signe pour qu'il s'arrête. Quinze minutes plus tard et l'esprit de plus en plus perverti par l'alcool, nous arrivions enfin à destination. Je réglai le chauffeur avant de pénétrer dans la villa avec Cam bras dessus bras dessous, gloussant à tout va. Afin de profiter du petit vent nocturne, je préférai passer par le jardin et là une toute nouvelle envie me traversa la tête. « J'sais pas pour toi mais moi j'étouffe dans ce costume.. », balançais-je à ma fiancée tout en me débarrassant de ma cravate. C'était officiel, j'étais complètement bourré. Et quelques secondes plus tard, voilà que je me retrouvais en boxer, titubant jusqu'à la piscine avant de plonger dedans sans prévenir. L'eau tiède engloutit mon corps et caressa ma peau d'une délicatesse bienveillante. Nageant gaiement, je m'approchai de la margelle, un sourire espiègle au bout des lèvres. « Allez ramène-toi Cam', elle est super bonne ! ».  

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Ces six derniers mois n'avaient pas été facile à vivre et les moments de bonheur pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Les occasions pour décompresser, se relâcher, étaient rares. En effet, il fallait toujours calculer nos moindres faits et gestes, même parler avec amies devenait compliqué. Ce mensonge ne nous quittait jamais, mais ce soir, grâce à mon fiancé, je vivais une soirée comme je n'en avais pas vécue depuis bien longtemps. Aucune pression, que des éclats de rire, c'était le vide total dans ma tête. Rien que pour cela, j'aurais voulu remercier Aaron d'être à l'origine de ce moment. Encore une fois, il me prouvait que je m'étais trompé à son sujet et qu'il n'était pas ce parfait idiot que j'avais imaginé. Au final, il n'était rien d'autre qu'une victime de son père. Nous n'étions pas si différents l'un de l'autre, et je crois bien que cette prise de conscience m'avait amené à lui ouvrir, plus en profondeur, mon cœur. Aujourd'hui, j'avais une pleine confiance en ce jeune homme et au delà de cette mascarade, Aaron avait pris une réelle place dans ma vie et dans mon cœur. Place que je devais d'ailleurs réserver pour quelqu'un d'autre qu'un homosexuel. La fille assez stupide pour tomber sous le charme d'un gay, c'était bel et bien moi!
Le code de la bonne conduite n'était pas respecté ce soir et cela rendait la soirée encore plus excitante qu'elle ne l'était déjà. Alors que mon verre était -tristement- vide, Aaron me tira par la main en direction du buffet, attrapant une nouvelle bouteille de vin qui cette fois-ci était pleine. Mon fiancé qui avait une idée derrière la tête me proposa de quitter la soirée, et bien entendu que j'en avais envie! « J'aime quand tu parles comme ça! » Bras dessus, bras dessous, ma tête commençait à tourner, mais heureusement, notre taxi ne tarda pas à arriver.
En débarquant dans sa propriété, je continuais de m'agripper à son bras afin de ne pas me casser la figure. Alcool plus talons hauts, c'était vraiment pas facile d'être une femme. Quelle fût ma surprise quand je le vis passer par le jardin, s'approchant dangereusement de la piscine. C'était donc ça son idée! Aaron ne perda pas une seconde et commença à se déshabiller sans aucune pudeur, pour finir en boxer. Il faisait étrangement chaud tout à coup. Son corps était parfaitement taillé, ses muscles étaient apparents et ses fesses ... ses fesses. Il venait de plonger et je secouais la tête, comme pour me ressaisir. « Tu es fou Aaron Blake! » criais-je en éclatant de rire. Je me débarrassais de ces horribles chaussures qui me faisaient mourir de douleur et m'approchais prudemment du bord de la piscine. Plutôt que de sauter dans l'eau, je fis le choix de m'asseoir sagement. Mes pieds caressaient l'eau et le beau brun ne mentait pas, elle était effectivement très bonne. Les deux mains appuyés sur le bord, je le regardais remettre ses cheveux mouillés en arrière. Sexy. C'était assez déstabilisant de le voir ainsi, mais je finissais par lui dire assez sérieusement : « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. » Mon taux d'alcoolémie atteignait sûrement des sommets, mais j'arrivais encore à garder plus ou moins le contrôle. Enfin, pour dire vrai, l'explication était tout autre. La simple idée de devoir retirer ma robe et me retrouver en sous-vêtements face à lui me mettait mal à l'aise et même l'alcool n'avait pas réussi à me donner ce courage. Quelle idée idiote quand on sait qu'Aaron n'est sensible qu'au physique d'un homme. Aaron se recula alors, s'éloignant un peu de moi. Ce silence ne pouvait pas durer plus longtemps. Pieds tendus, je finissais par les battre dans l'eau afin de l'éclabousser. « Oups! » Un nouvel éclat de rire retentit, si ça continuait, les voisins finiraient par appeler la police pour nuisance sonore.  

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La confiance n'était pas une chose que je donnais facilement. Plusieurs fois trahi ou blessé par des proches, j'avais préféré enterré mon moi le plus profond pour que seules quelques personnes puissent le voir. Et pour sûr ils n'étaient pas nombreux. Je pouvais d'ailleurs les compter sur les doigts d'une main. Aujourd'hui, malgré toutes les embûches et des débuts difficiles, il était clair dans ma tête que Camryn faisait parti de ce cercle fermé ; au grand dame d'Archie qui ne voyait pas d'un très bon œil ce nouveau lien qui nous unissait. Dans un sens je le comprenais. Après tout ce n'était pas juste que de la jalousie mais de l'inquiétude aussi. Il se sentait comme exclut de cette relation sans que je ne puisse faire autrement et alors qu'il avait toujours fait parti intégrante de ma vie, le voilà qui se retrouvait à l'extérieur de tout ça, impuissant face à ce mensonge fabriqué de toute pièce que mon père m'avait tout simplement imposé. Quand j'y repense.. pendant longtemps j'avais vu cela comme une mascarade, un jeu diabolique auquel j'avais quelque part finit par prendre goût sans m'y attendre. Les jours passaient et avec le temps j'avais de plus en plus de mal à cacher mes sentiments. Je ne parvenais plus à la regarder avec les yeux de l'amitié ou de la complicité. C'était bien plus fort que ça, bien plus troublant. Pourquoi c'était si dérangeant ? Parce que je suis gay bordel. Je l'ai toujours été et il n'y a jamais eu aucune tentation de l'autre sexe pour ma part. Archie disait en plaisantant que je souffrais sans doute du syndrome de Stockholm, quel abruti celui là parfois ! J'étais complètement désorienté et une chose est sûre, ce soir c'était encore pire. Imbibés d'alcool, Camryn et moi avions quitté le gala ennuyeux à mourir plus tôt que prévu pour rentrer à Coconut Grove. Saoul et transpirant, j'avais décidé de faire un petit plongeon dans la piscine et comptais bien y rester pour l'instant, invitant même ma « fiancée » à en faire de même. Cette nuit j'avais envie de me lâcher, de m'amuser, de juste.. profiter. Ses paroles et son rire communicatif me firent sourire à pleine dent tandis que je me rapprochais d'elle en nageant. « Oh on m'a donné bien des adjectifs depuis le temps future Madame Blake, mais fou jamais voyons ! Je suis bien trop sage pour ça. Après tout je suis le fils parfait, feu le célibataire le plus en vogue de la côte est ! », déblatérais-je à tout va d'un ton à la fois moqueur et cynique. Je riais mais c'était la triste réalité en même temps. J'arrivais au bord du bassin l'eau ruisselant de ma tignasse en observant Camryn s’asseoir sur la margelle. Et alors que mes yeux se posaient irrémédiablement sur les siens, une drôle de phrase sortie de sa bouche. Que voulait-elle dire par ce n'est pas une bonne idée ? De se défouler un peu ? De passer outre les règles dictées par mon père et oublier la possibilité de paparazzis planqués dans les fougères cinq minutes pour profiter ? Ou alors est-ce qu'elle parlait de cette pulsion étrange qui m'animait depuis quelques temps et qu'elle avait fini par remarquer ? Ma tête tournait à cause de l'alcool et je peinais à réfléchir correctement, préférant ainsi m'éloigner pour nager davantage. Toutefois c'est à cet instant précis que Camryn se mise en tête de me chercher en m'éclaboussant par derrière. Je me retournai aussitôt, l'air faussement outré et revenait dans sa direction. « Alors comme ça on ne peut pas se passer de moi deux secondes ? », commençais-je avec des yeux attendrissants, touché par ce geste enfantin. Et tandis que je me retrouvais de nouveau à sa hauteur, je faisais aussitôt un bond pour l'attraper par la taille et l'emmener avec moi au fond de la piscine. Lorsque je repris un peu d'air je ne pus m'empêcher de rire à gorge déployée, terriblement amusée par la situation en prenant bien soin de vérifier que Cam allez bien. « C'est mieux hein ? », lui demandais-je presque de manière rhétorique. En tous cas pour moi ça l'était. Nous étions tous les deux face à face, mouillés et affreusement alcoolisés pour notre plus grande joie. Ma raison totalement égarée, les battements de mon cœur tapaient crescendo contre ma poitrine.   

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Qui aurait pu croire que je finirais par m'entendre avec Aaron ? Personne. Qui aurait pu imaginer une seule seconde que je pourrais tomber amoureuse de cet homme en question ? Personne et certainement pas moi. En effet, nos débuts en tant que faux couple avaient été si compliqués et conflictuels, qu'ô grand jamais, on aurait pu prévoir ce dénouement. Malheureusement, il n'y avait aucune chance pour qu'un "vrai" couple voit le jour. Je n'avais pas eu besoin de me faire rejeter par Aaron puisque depuis le début j'avais connaissance des préférences sexuelles de ce dernier. Les courbes généreuses d'une femme n'avait aucun impact sur lui.
Ces dernières semaines, nous passions de plus en plus de temps ensemble et notre complicité ne faisait que de se renforcer - et mes sentiments avec. A chaque instant, j'étais inquiète qu'un geste ou une parole trahissent et mettent à nue mes véritables sentiments à son encontre. Mon regard était parfois trop insistant, mes joues finissaient par virer au rouge dès qu'il me complimentait, tout cela devenait difficile à dissimuler. En conséquence, je songeais chaque jour plus sérieusement à mettre fin au contrat qui me liait à monsieur Blake. Mon père avait certes, besoin de soins médicaux, mais je n'étais pas certaine d'être capable de tenir dans cette situation encore plus d'un an. Me connaissant, mon coeur allait finir par être brisé en mille morceaux. C'était mon coeur contre sa bonne santé. Dans ma tête, il était clair que la vie de mon père passait avant une peine de coeur, mais en réalité, c'était plus dur à vivre qu'on ne pouvait l'imaginer. J'allais devoir apprendre à me préserver si je prenais la décision de continuer à jouer au couple modèle. En attendant, ce soir grâce à l'alcool, j'arrivais en partie à oublier tous ces questionnements qui me bouffaient le quotidien. Seul l'instant présent comptait ce soir.
Alors que j'étais tranquillement assise au bord de la piscine à le regarder nager, Aaron me cita comme la future madame Blake. Un pincement dans la poitrine se fit sentir, mais il fallait garder la face et se ressaisir au plus vite pour ne pas se faire démasquer. Je lui adressais un sourire en guise de réponse. Il sonnait probablement faux mais j'avais au moins le mérite de vouloir essayer de sauver les apparences. Détend toi Cam, détend toi. Pour palier à ce malaise qui montait en moi, je me mis à l'éclabousser telle une enfant. Je riais alors de bon coeur et me laissait de nouveau aller au doux plaisir de l'ivresse. Déconnecter et lâcher prise. Tout ce dont j'avais besoin. Subitement, sans que je puisse réagir et en réponse à ce geste enfantin, mon fiancé m'attrapa par la taille pour m'attirer avec lui au fond de la piscine. A peine le temps de remonter à la surface et de reprendre mon souffle que mon rire rejoignait celui d'Aaron. « La future madame Blake finira par te faire payer cet affront. » commençais-je en faisant mine d'être fâchée et contrariée. Une brasse me rapprocha du jeune homme, un mètre devait nous séparer désormais. « Camryn Blake ? Hm, ça sonne plutôt bien, tu trouves pas ? » le questionnais-je d'un air amusé tout en tourbillonnant dans l'eau. Une nouvelle et dernière brasse m'amena jusqu'à mon but : Aaron. « J'ai une confession à te faire. » dis-je tout en enroulant un de mes bras autour du cou du beau brun. J'étais trop petite pour toucher le fond, c'était donc plus simple de venir m'accrocher à lui pour discuter. De ce fait, nos deux corps mouillés se retrouvaient presque collés l'un à l'autre. Il ne restait que quelques centimètres à présent. Ce face à face était troublant puisque jamais nous nous étions retrouvés si proches. Ainsi, je découvrais des nouveaux détails de ce si beau visage. La couleur précise de ses yeux, des rides d'expression, et quelques grains de beauté qui m'avaient jusque là échappés et qui le rendait encore plus beau qu'il ne l'était déjà avant. « Quand tout ça sera terminé, enfin je veux dire, quand ton père aura eu ce qu'il voulait et qu'on retournera à nos vies d'avant, tu vas beaucoup me manquer. Si, si je te jure, c'est vrai. » lui dis-je avec un sourire des plus simples, mais des plus vrais, tout en passant ma main dans ses cheveux pour les replacer correctement.

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La vie réserve bien des surprises, bonnes ou mauvaises d'ailleurs mais quoiqu'il arrive il est souvent rare de les voir venir. Et ce soir là en était un exemple frappant. Plus les minutes passaient, plus j'avais un mal fou à avoir l'esprit clair. Pas étonnant après tout en sachant le taux important d'alcool qui se promenait dans mes veines à cet instant précis. Secouant la tête à tout va, je ne pouvais m'empêcher de jeter constamment un coup d'oeil désireux à l'encontre de Camryn, sentant une chaleur bienveillante émaner le long de mon être à chacun de ses mouvements. C'était plus fort que moi, ça me rendait littéralement fou.. fou d'elle si j'osais le dire. Et si j'avais seulement les idées claires. Déjà que sobre je peinais à comprendre ce bouleversement invraisemblable sur mes attirances habituelles, alors je vous laisse imaginer que bourré comme j'étais, la facilité était loin d'être au rendez-vous ! Mais d'une certaine manière je me complaisais dans cette situation, savourant l'image sensuelle de ses yeux pétillants, son petit nez arrondi et ses lèvres fines et rosées d'une fraîcheur renversante. Et que dire de ses courbes délicatement tracées qui transparaissaient désormais au travers de sa tenue de soirée trempée.. Quand je vous disais que j'étais devenu complètement cinglé. Moi qui en temps normal ne jurais que par des tablettes de chocolats encrées dans des torses musclés, voilà que je me sentais irrésistiblement attiré par ce corps féminin à la personnalité rayonnante. On aurait pu croire que j'avais fini par éprouver des sentiments envers ma complice telle une sorte de résignation cependant il était clair que cela n'en était aucunement la cause. C'était quelque chose de fondamentalement plus puissant, au grand dame de ma raison qui partait en vrille.
« Oooh mais c'est qu'elle pourrait mordre la petite », lui rétorquais-je alors face à sa fausse menace amusante. Riant à gorge déployée, je l'observais nager non loin de ma position, sa longue chevelure caressant les vaguelettes du bassin. Je voulus répondre immédiatement à ses seconds propos toutefois son rapprochement soudain me coupa le souffle. Elle avait réussi à avoir une délicieuse emprise sur moi et de cette façon je fus d'autant plus inquiet de la voir s'avancer, nageant à ma rencontre avant de venir passer l'une de ses mains autour de mon coup dans le but de maintenir sa tête hors de l'eau. A cet instant mon cœur eut un raté, si bien que j'émis un léger sursaut des plus agréables. Souriant bêtement, je me perdais dans ses yeux d'une intensité foudroyante et soudain je sentis mon compagnon de jeu se réveiller et vouloir être de la parti. Figé par la manifestation progressive de ma joie au niveau de mon entre-jambes, j'inspirai doucement afin de me calmer. « Pour sûr », répondis-je simplement l'air un poil gêné avant de laisser l'enivrement de l'alcool reprendre le dessus. Et alors que je me laissais de nouveau porter par le côté enjoué et enchanté du précieux liquide, les paroles de Camryn s'imprégnèrent de manière instantanée. Comme figé, le temps s'était arrêté. Seul le passage de sa main dans mes cheveux me ramena à la réalité. Et quelle réalité. Mon sourire se figea, plus sérieux que jamais. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi, dans un silence profond, seulement troublé par les gouttelettes ruisselants de nos visages respectifs. D'un geste tendre et irréfléchi, je me mis à caresser sa joue avant de laisser échapper d'une voix toute aussi sincère : « Pour être honnête aussi, j'aimerais que ce contrat ne prenne jamais fin.. ». Oui je venais de lui dire ça. Il y a de ça quelques mois je détestais l'idée même de ce jeu immonde devant les caméras, de détruire presque deux ans de ma vie à faire semblant et pourtant pour la première fois depuis des années, je me sentais bel et bien libre, heureux et ayant développé un attachement sans équivalent pour une personne de l'autre sexe. C'est alors que, sans même m'en rendre compte, je plaçai mes mains autour de sa taille pour la coller davantage contre moi et dans le même élan mes lèvres vinrent toucher les siennes, les scellant dans un baiser doux mais passionné. Je perdis alors tout contrôle de moi-même. Les yeux clos, j'eus l'impression que la terre tournait sans que l'alcool y soit pour quelque chose. Je me perdais dans ce tourbillon d'émotions dont la notion du temps m'échappait. Mais une fraction de seconde suffit à me faire revenir au conscient et pris de panique j'arrêtais aussitôt mon entreprise, la libérant pour m'éloigner quelque peu. Perdu, j'osais à peine la regarder. Je venais de me griller devant elle, j'avais fauté envers ce lien précieux que nous avions mis un temps fou à créer. J'avais probablement tout gâché et je m'en voulais énormément. « Je suis désolé Camryn.. pour ça.. enfin..c'est pas ce que je veux dire.. mais... », balbutiais-je à tout va comme un enfant qui aurait fait une grosse bêtise. « Je m'excuse.. ». Quelle blague ! Tu parles d'une excuse ! Le peu de conscience qui s'était immiscé entre nous deux avait coupé ce magnifique moment de bonheur que j'avais ressenti et dont je n'espérais qu'à réitérer au plus vite. Je la voulais de nouveau contre moi, sentir sa peau jointe à la mienne ; je la désirais tout simplement. Il n'y avait pas d'autres mots. 

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Indéniablement, le sentiment amoureux compte parmi les ressentis humains les plus intenses : il nous dépasse, nous transcende, nous questionne et nous torture parfois. Ce sentiment était d'autant plus terrible à vivre quand il n'était pas réciproque et c'était mon cas avec Aaron. Son histoire personnelle, toutes ses gentilles attentions à mon égard, son humour, avaient fini par avoir raison de moi. J'avais complètement succombé à son charme. Il m'arrivait presque de regretter le temps où nous avions aucune affinité. C'était étrangement plus simple à gérer lorsque notre quotidien se résumait à des conflits. En effet, avoir une bonne entente incluait forcément passer des bons moments et de plus en plus fréquemment. Alors autant dire que pour essayer de l'oublier et penser à autre chose que lui, c'était impossible. Cependant, ces moments privilégiés comme ce soir par exemple, je ne les aurais échangés contre rien d'autres, ils étaient bien trop précieux à mes yeux.
En m'approchant d'Aaron, pour je ne sais quelle raison, j’eus l'impression de le sentir embarrassé. Même sa réponse raisonnait étrangement. L'assurance qui le caractérisait d'habitude si bien avait comme disparue. Peut-être que nous ne pouvions pas rire de tout ? Je n'en savais rien mais afin d'éviter un malaise, je préférais ne pas renchérir à ce sujet.
Accroché à son cou, je me confessais pour la première fois sur le sentiment qu'allait susciter cette future fin de contrat. Y penser n'était pas une bonne idée mais j'avais ressentit ce besoin de lui avouer, partiellement, ce que j'avais sur le cœur. Probablement que l'alcool m'avait aider à franchir ce pas mais je restais néanmoins soulagée de cet aveu. Il fallait qu'il sache qu'il était plus qu'un simple nom écrit sur un contrat. Même si Aaron ne ressentait pas la même chose à mon égard, j'espérais quand même être une personne chère à ses yeux. Nous parlions très peu à ce sujet là, et peut-être que je faisais fausse route en pensant le revoir à la fin de ces deux années de mascarade. Peut-être entretenait-il de bons rapports avec moi seulement pour éviter de passer son temps à être en conflit. Je n'en avais aucune idée et quelle fût ma surprise en entendant sa réponse. Je cherchais désespérément un signe sur son visage qui aurait pu m'indiquer si c'était une plaisanterie, mais il avait l'air si .. sérieux. Et cette caresse sur ma joue ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Bouche bée, aucun mot ne me venait. Je sentis alors ses mains glisser autour de ma taille afin de mettre fin à ses derniers centimètres qui nous séparaient. Des frissons parcouraient mon corps entier suite à ce geste déconcertant et complètement inattendu de la part d'Aaron. Tout au long de cette soirée, mon regard n'avait pas quitté ses yeux, mais là, j'étais captivé et incapable de relever mes yeux de ses lèvres. Je les désirais si profondément et voilà qu'elles se retrouvaient collés aux miennes. L'espace-temps devenait inexistant, comme si il n'y avait plus rien autour de nous.A mesure que ce baiser durait, je perdais le contrôle de mon corps entier. Enivrée par ce baiser, je sentais chacun de mes muscles, un à un, se crispaient. Cette drôle de sensation ne m'était pas arrivé depuis très longtemps, j'avais presque même l'impression de n'avoir jamais vécue ça. Intense et doux. Passionné et timide. Unique Ce moment prit fin aussi brusquement qu'il avait débuté. En effet, aussi vite qu'Aaron m'avait attiré à lui, il me repoussait par la simple force de ses bras tout en fuyant de l'autre côté du bassin. Les excuses d'Aaron pleuvaient, mais elles faisaient échos, comme un bruit de fond. J'avais l'impression qu'il était à des kilomètres de moi. Mon cerveau n'avait pas encore eu le temps de se reconnecter avec la réalité et quelle réalité! J'osais enfin affronter le regard d'Aaron et il était rempli de gêne et de culpabilité. Il me faisait clairement comprendre que son geste n'avait pas été voulu et qu'il regrettait ce comportement. Sans s'en rendre compte, mon faux fiancé venait de me briser le cœur. Le plus dur à supporter au final ça n'était pas ce baiser, mais l'entendre s'excuser.  Mal à l'aise et chamboulée par ces derniers événements, je fis le choix de sortir de l'eau afin de ne pas avoir à l'affronter. Il fuyait, moi aussi. J'essorais mes longs cheveux à ma sortie de l'eau et m'éloigna un peu plus de la piscine. « Ne t'excuse pas Aaron, ça va. » Toujours dos au bassin et à mon fiancé, j'appuyais mes deux mains sur la table de jardin et baissais la tête pour tenter de reprendre mes esprits. Les yeux clos, je me remémorais ce baiser si soudain mais si plaisant. Une terrible envie de réitérer cette expérience m'envahissait mais il fallait se rendre à l'évidence: ce premier baiser serait le dernier.
Le silence devenait de plus en plus gênant, devais-je fuir ou l'affronter ? J'étais incapable de réfléchir et de faire quoi que ce soit. Mon corps était fébrile, mon esprit brouillé. Je fixais désormais la bouteille de vin que nous avions abandonné en arrivant à la villa et ma seule envie était de la vider pour oublier ce qui venait de se passer. D'un geste tremblant, j'attrapais la bouteille et amena le goulot à ma bouche afin de boire une longue gorgée de ce poison. J'espérais intimement qu'Aaron ne se rende pas compte de mon geste. « Tout va très bien. » dis-je à nouveau pour combler ce silence durement installé. Cette phrase ne lui était pas vraiment adressé, c'était plus pour moi, comme pour me convaincre que tout allait à merveille. Cependant, quelques symptômes me rappelaient que ça n'était pas le cas du tout. La gorge serrée, l'estomac nouée et bientôt des vertiges. Et toute cette quantité de vin qui coulait dans mes veines ne m'aidait en rien à me sentir mieux, au contraire. « L'alcool nous fait parfois faire des choses ... stupides. »  ajoutais-je, tout en me retournant en direction du jeune homme. Je feignais du mieux possible un sourire amusé pour tenter de dédramatiser la situation. Crédibilité zéro, j'étais plutôt mauvaise actrice ce soir. « De toute façon, on aura tout oublier demain, n'est-ce pas ? » C'était une question rhétorique qui avait pour but de déculpabiliser Aaron. Il ne devait pas s'en vouloir, il avait trop bu et .. voilà. Il avait juste eu un moment d'égarement, rien de plus. Un geste irréfléchi, spontané et totalement ordonné par l'alcool.
Si quelques minutes auparavant, je mourais de chaud en sa compagnie, désormais, seule et trempée de la tête aux pieds, je frissonnais de froid. La scène de la piscine tournait en boucle dans ma tête et un milliard de questions hantait mon esprit. Pourquoi ne voulait-il pas voir le contrat prendre fin ? Pourquoi sa main avait-elle caressé ma joue d'une manière si délicate ? Pourquoi m'avait-il donné ce baiser ? Tout cela avait l'air si réel, si sincère que ça en devenait ridiculement déstabilisant. Toutes ses questions avaient pourtant pour seule et unique réponse : l'alcool.

AVENGEDINCHAINS